C'est quoi ton problème ?! [PV Lika <3]

"Fais chier !" est sortit tout seul lorsque je me suis retrouvée devant l'immense portail du pensionnat. C'était donc l'heure pour moi de changer de vie. Et comme si ça ne suffisait pas pour me taper sur les nerfs, la journée ne m'avait aucunement laissé de cadeau. Ce matin, à mon réveil à six heures comme tous les jours au foyer pour délinquants, j'étais tombée du lit. Puis on m'avait confisqué mes clopes dans le couloir et enfin j'avais dus presque agresser une dame pour ne pas arriver en retard. Et finalement quoi ? J'étais en avance. Oui oui, moi, la professionnelle de la débauche et de l'interdit, arriver avant et qui plus est à un rendez-vous scolaire ? J'étais debout devant ce portail grand ouvert qui me suppliait d'entrer pour ne plus jamais ressortir - ainsi on peut deviner le sentiment des défunts devant les portes de l'enfer - les mains dans les poches de ma tenue provocante. Un short en jean un peu déchiré de partout, des bas résille montant juste au-dessus de l'articulation du genou, des new rocks imposantes et en guise de haut un haut découvrant le nombril et dont j'avais brisé une bretelle - il pendouillait nonchalamment d'un côté donc, laissant voir un peu de mon sous-vêtement que j'avais choisis rouge exprès - blanc. Des mitaines en cuir genre conducteur de formule un ringard étaient surmontées de chaînes que j'avais moi-même fixées et mes cheveux où j'avais fraîchement fait des mèches roses flash étaient levés en deux couettes aux allures explosées. Mes yeux étaient cernés de maquillage, et je m'étais amusée à me faire le signe anarchiste sur la poitrine. Un sac à dos sur une épaule et la valise reposée sur l'autre, je sortis tant bien que mal une cigarette du paquet que j'avais dus acheter avant de l'allumer. Je tirai une taffe. Ici, c'était différent, on allait assurément pas pouvoir se balader une clope au bec, et même si c'était interdit aussi au foyer, j'imaginais qu'ils étaient plus strictes. Je posai ma valise et mon sac devant le portail et m'assis sur le tas que j'avais donc fait. Non, je ne repensais pas à mon passé décousu comme beaucoup de gens le font en fumant. En revanche, je me demandais comment étaient les jeunes là-bas. J'étais un peu jeune pour me balader avec les caïds, j'imaginais être seule. Il faut dire, cela ne me dérangeait pas, j'avais fais des provisions de "vivres" - entendez par là cartouches de cigarettes, petites gâteries illégales et une mini bouteille de cognac - et avec ça je ne ressentais pas le malheur. Jamais.

La cigarette finie, je me levai et repris mes affaires sur le dos. Je n'avais pas eu de parent à qui dire au revoir, je n'avais pas eu de preux chevalier pour soulager mes épaules de mes bagages, je n'avais même pas eu d'amies pour pleurer mon départ. Je n'avais eu personne, et diable, non seulement je m'en fichais, mais en plus je me portais d'autant mieux ! La cours était vide. En même temps, j'arrivais à une période de cours, donc c'était normal qu'il n'y avait pas beaucoup de monde. Peut être ceux en permanence, mais puisque c'était un pensionnat, beaucoup devaient être dans leurs chambres au moins. Je baillai d'un air bovin sans même chercher à me rendre plus féminine, puis parcourus la cour d'un pas rapide et ferme, mais peu déterminé. Au passage, je frappai sur une vitre qui donnait sur le bureau des surveillant qui s'effrayèrent au bruit sourd. Un éclat de rire truculent. C'était bon d'être détestable ! Je n'allais pas leur rendre visite maintenant, à ces bureaucrates, sinon c'était colle direct. J'allais pas m'appeler post it dès le premier jour non plus. Le ciel gris se couvrit davantage, laissant tomber une fine pluie. Mh, une averse allait déferler sur moi dans la seconde. Tant pis, j'aurais été lavée une deuxième fois ce jour-ci ! Je laissai l'eau couler trente seconde sur moi puis me réfugiai sous le renfoncement du mur causé par une porte. Je m'accroupis et regardai le ciel de mon expression magistralement désinvolte. J'essorai mes couettes qui n'avaient pas perdu en volume - au contraire, elles commençaient à boucler - puis entrai par la porte derrière moi que j'avais poussé bruyamment. Si au passage je pouvais perturber les élèves, tant mieux. Je gravis les escaliers qui s'offraient à moi quatre à quatre - plus pas réflexe que par envie soit dit en passant - puis pénétrai dans les quartiers que je devinais être ceux de l'administration. La petite odeur d'encre et les portes en bois traité ouvertes ne trompaient pas. Je passai la tête dans un cadran de porte et ne fit pas attention à l'effroi de la secrétaire.

"Le directeur, lui envoyai-je."

Elle me montra du doigt la direction que je ne pris pas. Je voulais juste savoir où c'était, pour aller le voir ensuite, j'aurais tout le temps d'être en retard. Je ressortis dans le couloir et eu envie d'explorer un peu les chambres ... encore fallait-il savoir où aller. Je cherchai bien une demie-heure avant de me rendre compte qu'elles se situaient dans une dépendance, c'est donc les nerfs à fleur de peau que je me dirigeai vers le bâtiment esseulé pour "emmerder" le monde si vous permettez comme il se doit.

Un soupir s’échappa de la bouche de Lika. Le premier de la journée, mais loin d’être le dernier. Et elle le savait, ce qui lui en arracha un deuxième. Elle se leva du lit d’un pas lent et alla se doucher. L’eau lui brûlait la peau, mais qu’importe, elle s’en moquait bien. Elle se sentait bien top fatiguée pour avoir la force de tourner le bouton d’eau froide. La métamorphe se vêtit d’un robe noire bouffante lui arrivant au dessus des genoux. Des motifs dorés en forme de papillons ornaient sa robe, cela la fit sourire. Ce vêtement lui rappelait Linda. Elle prit un petit chapeau de la même couleur que les motifs de sa robe et le fixait de travers sur sa tête. Elle enfila une mitaine en dentelle, elle aussi dorée, montant jusqu’à son coude sur un seul de ses bras puis saisis son collier avec une clef en pendentif qu’elle accrocha à son cou. « C’est la clef de mon cœur, je la donnerais qu’à la fille qui la mérite » lui avait dit son défunt frère. A ce collier, Lika y tenait comme à la prunelle de ses yeux. Elle se posa devant le miroir, prit son eyeliner noir pour dessiner le contour de ses yeux et dessiner trois petites étoiles sous son œil droit. Elle appliqua vite fait –mais bien fait- du mascara et prit son sac.

Elle sortit dans sa chambre et traîna dans les couloirs du bâtiment où elle se trouvait. Elle s’arrêta devant la fenêtre qui donna sur la cours. Les gens défilaient à vive allure pour arriver à l’heure à leur cours. Dans quelques minutes, il n’y aurait plus personne. Elle lâcha un nouveau soupir puis prit son casque qu’elle brancha à son baladeur et alluma la musique. Peut-être avait-elle cours ? Oui, c’est exact. Arrivé à l’heure ? Pourquoi pas. Mais pas ce matin, Lika n’avait pas envie de se dépêcher. Elle irait, bien entendu, miss ne sèche pas les cours. Mais en tant que bonne élève, elle pouvait se permettre un peu de liberté, non ? Lika choppa son paquet de Pocky et en tira un petit bâton qu’elle enfourna dans sa bouche. Et seulement après avoir fait ça, elle descendit les escaliers et quitta le bâtiment pour se retrouver dans la cours. Elle traversa la cours. Déserte. Comme elle l’avait prédit. Elle prit un autre gâteau et accéda à la bâtisse d’en face. Arrivée au rez-de-chaussée, une surveillante lui demanda, gentiment, d’enlever son casque. Elle soupira pour la énième fois de la journée et s’exécuta. Elle avait déjà désobéi une fois en ignorant l’ordre et cela n’avait pas été une bonne idée. Du coup, elle préférait suivre les ordres. Mieux vaut être discrète. Elle mit un autre Pocky dans sa bouche et s’apprêta à se rendre dans sa salle de cours. Seulement, une voix attira son intention l’obligeant à écouter. Une fille demandait le bureau du directeur. En temps normal, elle aurait haussé les épaules après avoir entendu la discussion –enfin « discussion » est un grand mot- mais la voix de la fille lui dit quelque chose. Après avoir entendu la porte se refermer, Lika fit demi-tour pour retourner dans la cours. Mais elle ne trouva personne. Elle se gratta la tête et s’assit sur un banc en remettant son casque. Après tout, elle devrait bien réapparaître.

Il pleuvait des cordes ce jour-là, mais Lika resta une demi-heure sous la pluie en espérant que la fille repasse par là. Et son attente en valait bien la peine. Elle vit une fille apparaître dans la cours. Une jeune fille avec des cheveux bleus et des mèches roses. Elle avait un style bien particulier. Pas de doute, c’était bien la fille demandant le chemin du bureau du directeur. Lika se leva et se dirigea vers elle tout en mangeant un énième Pocky. Elle arriva derrière la fille et retira son bâton de la bouche puis sortit dans un ton neutre :

« C’est pas par là le bureau du directeur Lucy. »

Oui, Lika la connaissait déjà et était plutôt surprise de la voir ici. Elle ne s’attendait pas du tout à retrouvé une de ses amis dans ce pensionnat. Que le monde est petit…

Lika ne put s’empêcher de rire en voyant la réaction de son amie. Il n’y a pas à dire, cette-dernière n’avait pas changé et parlait toujours aussi mal. Ce que cela faisait du bien d’entendre des phrases ‘racailleuse’ et de voir une tête connue. Lika n’en pouvait plus de voir des nouvelles têtes depuis une semaine. Elle avait besoin de voir de vieux repères. Et comme repère, elle ne pouvait pas rêver mieux. Revoir Lucy, c’était le plus beau cadeau qu’elle puisse avoir. Quand Lucy la prit dans ses bras, Lika se sentait obligé de faire de même, bien que cette dernière ne soit pas très câlin normalement. Mais cette fois-ci, elle était tellement contente de retrouver son amie qu’elle lui en fit un sans hésiter. Lucy était aussi trempée que Lika et sa coupe était donc tombée. Mais elle trouvait que cela lui allait bien. Son amie avait toujours était belle, et Lika avait toujours était un peu jalouse de ses beaux cheveux bleus turquoise.

Lika se demanda ce que Lucy faisait ici. Cette-dernière n’était pas du genre à fréquenter ce type d’établissement. Mais la métamorphe ne lui posa pas la question. Après tout, si son amie la Walkyrie voulait lui en parlait, elle savait qu’elle lui en parlerait. Par contre, son amie, elle, ne se gêna pas pour lui demandait ce qu’elle foutait là. Question à laquelle Lika se contenta d’hausser les épaules. Elle n’avait pas eu vraiment le choix. Si elle pouvait se tirer de cet établissement, elle n’hésiterait pas un seul instant. Mais bon, ses parents veulent absolument la protéger. Elle se gratta la tête et essuya sa joue trempée par la pluie. Son maquillage avait coulé et elle put s’empêcher de se demander à quoi elle pouvait bien ressembler. Mais elle chassa bien vite cette question de son esprit. Elle s’en fichait un peu et il y avait plus important à faire. Elle regarda son amie puis jeta un coup d’œil à ces bagages.

« Tu veux peut-être te rendre aux dortoirs ? »

Et tant pis pour mon cours. Se retint-elle d’ajouter. Oh, après tout, ils ne vont pas la saouler juste pour une heure manquée. Elle dira qu’elle était malade. Miss est une excellente menteuse. Et oui, c’est une qualité qu’on apprend pour devenir tueuse à gage. Comme quoi, son éducation n’a pas eu que de mauvais cotés.

HRP:

Lika talonna Lucy qui l’emmena dans un bâtiment du pensionnat. A l’instant où elles entrèrent dans la bâtisse, l’inverse cessa et laissa tomber quelques petites goûtes formant une pluie fine. Et comme par hasard, c’était au moment où elles s’abritaient. Lika secoua puis se gratta la tête. Elle allait devoir se laver les cheveux ce soir. Cette pensée fit soupirer Lika. Et pas seulement pour ça. Son amie la désespérait, elle ne voulait pas se rendre au dortoir en utilisant l’excuse qu’elle ne connaissait pas sa chambre. Cela n’étonnait pas Lika, après tout elle n’était pas allée chez le directeur. Mais bon, quand même, Lucy avait réellement l’intention de sa balader toute la journée avec ses sacs ? Mais la métamorphe ne dit rien. Son amie s’arrêta et posa son sac à terre.

"Eh beh ! J'ai ramené le soleil, ça fait plaisir hein !"

Cette remarque fit sourire Lika. Cette-dernière aimait bien la pluie, alors heureusement que son amie n’avait pas réellement ramené le soleil. Les coups de soleil aimaient bien Lika pour son plus grand malheur. Elle prit un chouchou et attacha ses cheveux trempés qui partait un peu dans tous les sens. Il est rare de ne pas la voir les cheveux lâchés mais là ça la gênait plus qu’autre chose.

Lika remarqua que l’épaule de son amie était rouge à cause du poids de son sac. Elle secoua la tête et lâcha un énième soupir. Elle n’allait pas laisser son amie se destroyer l’épaule sous prétexte qu’elle n’ait pas envie d’aller voir le directeur. Le métamorphe s’avança puis saisi le bagage de son amie.

« Tu crois que je vais te laisser te trimballer ça toute la journée ? »

Elle se dirigea vers le bureau du directeur sans même laisser son amie répliquer. Et ajouta au cas où Lucy protesterait en chemin :

« Et cherche pas, tu as pas le choix. »

Spoiler: